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Par le Dr Cyril Pellaton, médecin chef du service de cardiologie

Photos © Guillaume Perret

Le cœur est un muscle puissant, une pompe qui fait circuler le sang dans tout l’organisme. Pour fonctionner, il doit notamment compter sur un approvisionnement sanguin qui provient des trois artères coronaires principales.

La maladie coronarienne est une maladie cardiovasculaire qui affecte les artères coronaires qui alimentent le cœur en sang riche en oxygène. Cette maladie se caractérise par la formation de dépôts de graisse, de cholestérol et de calcium sous forme de plaques à l’intérieur des parois des artères coronaires (athérosclérose), ce qui réduit le débit sanguin vers le cœur. Une occlusion partielle ou complète d’une artère coronaire a pour conséquence une diminution de l’oxygénation du cœur. L’infarctus du myocarde se produit lorsque le flux sanguin vers une partie du muscle cardiaque est diminué, souvent en raison d’une rupture de plaque d’athérosclérose et de la formation d’un caillot de sang dans une artère coronaire.

Les symptômes typiques de l’infarctus du myocarde sont une douleur thoracique oppressive, parfois irradiante dans les épaules ou les bras, des nausées, des vomissements, de la fatigue et une difficulté à respirer. Ces symptômes typiques peuvent parfois être absents, classiquement chez les femmes et les patients diabétiques, ce qui complexifie souvent le diagnostic chez ces personnes.

La prise en charge actuelle de l’infarctus du myocarde implique une intervention rapide pour rétablir le flux sanguin vers le muscle cardiaque. En fonction du degré d’obstruction du vaisseau, le délai d’intervention peut varier. En cas d’obstruction totale du vaisseau, l’intervention sera effectuée dans les 2 heures, en cas d’obstruction partielle dans les 48-72 heures. Plusieurs options de traitement sont disponibles :

  1. La thrombolyse

Il s’agit d’une thérapie médicamenteuse qui dissout le caillot sanguin responsable de l’obstruction de l’artère coronaire. Ce traitement n’est, à l’heure actuelle, presque plus jamais utilisé car remplacé par l’angioplastie coronarienne dans la grande majorité des cas.

  1. L’angioplastie coronarienne

Un cathéter est inséré par l’artère radiale (poignet) ou fémorale (pli de l’aine). Il est acheminé jusqu’au niveau de l’artère coronaire atteinte. Du produit de contraste injecté dans l’artère permet de visualiser un rétrécissement ou une obstruction.  Une fois la lésion identifiée, un ballonnet est gonflé pour élargir l’artère et un stent (petit ressort en métal) est souvent inséré pour maintenir l’artère ouverte. Il s’agit de la prise en charge privilégiée dans la majeure partie des situations d’urgence.

  1. La chirurgie de revascularisation par pontage aorto-coronarien

Il s’agit d’une intervention chirurgicale au cours de laquelle un pontage est créé en utilisant une veine (du membre inférieur) ou une artère (artère mammaire ou radiale) pour contourner l’artère coronaire rétrécie ou bloquée. Le pontage est proposé lorsque plusieurs artères sont malades et/ou qu’une prise en charge par angioplastie coronaire est difficile/non réalisable.

 Un programme de réadaptation cardio-vasculaire structuré permet de prendre en charge chacun des facteurs de risque.

Suite au diagnostic d’une maladie coronarienne, une évaluation rigoureuse ainsi qu’une prise en charge adaptée des facteurs de risque cardiovasculaires sont nécessaires afin de stabiliser la maladie.

On distingue :

  • Les facteurs de risque non modifiables : âge (incidence de la maladie coronarienne augmentée avec l’âge), sexe (risque augmenté chez l’homme), hérédité
  • Les facteurs de risque modifiables : hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète, tabagisme, surpoids/obésité, sédentarité et stress

L’addition de plusieurs facteurs de risque augmente considérablement le risque de maladie coronarienne.

Après un infarctus du myocarde, il est important de prendre des mesures pour réduire le risque de récidive, notamment en adoptant un mode de vie sain. Un programme de réadaptation cardio-vasculaire structuré permet de prendre en charge chacun des facteurs de risque, de proposer un sevrage du tabagisme, l’adoption d’une alimentation saine et équilibrée, la pratique régulière d’une activité physique modérée. L’implémentation de médicaments pour fluidifier le sang (antiagrégant plaquettaire), pour contrôler la pression artérielle, le taux de cholestérol et traiter un éventuel diabète est nécessaire.

En conclusion, la maladie coronarienne et l’infarctus du myocarde sont des problèmes de santé publique fréquents et graves. Le dépistage et le traitement des différents facteurs de risque cardiovasculaire permet de limiter le développement de la maladie coronarienne, et notamment de diminuer le risque d’infarctus. En cas d’infarctus, un diagnostic et une prise en charge rapide est impérative afin de rétablir le flux sanguin vers le muscle cardiaque.

 

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