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La FMH recense 16’000 femmes sur les 37’500 médecins qui exercent en Suisse

C’est à pas feutrés, dans le sillage de Marie Heim-Vögtlin (1845-1916), que les études de médecine ont commencé à s’ouvrir à la gent féminine à la fin du XIXe siècle. En se lançant dans un cursus médical à l’université de Zurich en 1868, cette pionnière avait causé un scandale national : à l’époque, il ne s’agissait pas seulement d’une première suisse, mais aussi européenne. La Suissesse a aussi été la première femme à se spécialiser (à Leipzig et Dresde) dans l’obstétrique et les maladies gynécologiques. Elle a également été la première doctoresse à ouvrir son propre cabinet médical en Suisse. Mère de deux enfants, elle a pratiqué la médecine toute sa vie.

Tout juste cent ans après la mort de Marie Heim-Vögtlin, la Fédération des médecins suisses (FMH) recense 16’000 femmes sur les 37’500 médecins qui exercent en Suisse (chiffres de 2018). Dans les facultés de médecine, les proportions s’inversent : 2923 femmes et 1745 hommes suivaient une formation bachelor en 2017. Pour la filière master, on en dénombrait respectivement 1849 et 1397. Plus on avance dans le temps, plus les femmes sont sous-représentées : elles sont majoritaires parmi les médecins assistants (58%), mais minoritaires parmi les chefs de clinique (48%), les médecins adjoints (24%) et les médecins-chefs (12,4%).

Dans un article publié par la Revue médicale suisse (2016), Omar Kherad explique pourquoi les hommes occupent la plupart des postes de cadres et de chefs de service dans les hôpitaux suisses : «Les femmes continuent de faire face à beaucoup d’obstacles pour effectuer une carrière académique ou hospitalière dans la spécialité de leur choix.» Selon lui, elles sont «trop souvent stigmatisées» face à l’éventualité d’un congé maternité. Ou alors la féminisation est abordée «à partir des problèmes qu’elle est censée soulever», installation plus tardive en cabinet et travail à temps partiel par exemple.

Malgré tout, un équilibrage est en cours. A l’échelle suisse, les femmes ont accédé à davantage de postes de cadres que leurs confrères, dans les hôpitaux du pays entre 2010 et 2015, selon l’Office fédéral de la statistique. Au sein du RHNe, la féminisation des cadres s’est notablement accrue ces neuf dernières années : la proportion de cheffes de département est passée de 12% en 2010 à 40% en 2019. Dans la catégorie des médecins-chefs, il a augmenté de 10% à 29% et parmi les médecins-chefs adjoints, de 28% à 45%. Cela situe le RHNe au-dessus des moyennes suisses en la matière.