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Après deux malaises sur son lieu de travail, à La Chaux-de-Fonds, Yves Gigon a été pris en charge aux urgences puis à la Stroke unit du RHNe. Aujourd’hui, il ne garde aucune séquelle et s’est mis à la marche. Rencontre

«La chaîne de soins a été exemplaire, je suis extrêmement reconnaissant.» Quand il évoque sa prise en charge après son accident vasculaire-cérébral (AVC) du 12 juin 2019, Yves Gigon commence invariablement par exprimer sa gratitude. Aujourd’hui, il a repris le travail à 100% chez Voegtli SA, entreprise spécialisée dans les installations sanitaires et de chauffage à La Chaux-de-Fonds. C’est là, dans les locaux de la rue du Nord 176, qu’il a connu deux malaises successifs. «Du côté gauche, ça ne suivait plus. Mes lèvres se pinçaient. Je me suis immédiatement dit : tu fais un AVC.»

Pour ce quinquagénaire du Noirmont, la surpise est totale. «Bien sûr, comme je fume et je ne fais pas de sport, je fais partie d’une catégorie à risque. Mais je ne pensais pas qu’un AVC pouvait me tomber sur le dos. J’ai eu de la chance. Comme c’est une partie du cerveau qui travaille peu qui a été touchée, j’ai retrouvé la mobilité et le langage très rapidement. Aujourd’hui, je n’ai aucune séquelle.»

Installé dans la réception de l’entreprise, où il répond aux appels téléphoniques, Yves Gigon rembobine le film des derniers mois. «J’ai eu mon AVC un mercredi, juste après la pause de midi. J’avais trois ou quatre soumissions à faire. Cela a entraîné une poussée de stress. J’imagine que cela a été un déclencheur, mais ce n’est qu’une hypothèse.» 

Après un premier malaise et un bol d’air pris à l’extérieur, c’est une deuxième alerte, plus sérieuse, qui l’enjoint à appeler son épouse puis son médecin de famille, installé à Saignelégier. «Je pouvais parler, mais plus marcher, ma jambe gauche était inerte.» Le praticien lui conseille de se rendre aux urgences de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds. Véhiculé par un collègue, il est admis immédiatement. Après un scanner cérébral, il est transféré en ambulance à la Stroke unit de l’hôpital Pourtalès, qui prend en charge 400 cas d’AVC chaque année.

«J’ai été admis aux soins intensifs. La nuit s’est bien passée. Le jeudi, j’ai subi plusieurs examens, dont une imagerie par résonance magnétique (IRM) pour affiner le diagnostic.» En fin de journée, le patient, affamé après 18 heures de jeûne, peut enfin manger quelque chose. «On m’a proposé un beau plat de fromage, j’y ai fait honneur.»

Yves Gigon a pu commencer à se lever le vendredi à midi, un peu moins de deux jours après son AVC. «Là, j’ai commencé à sentir que c’était positif, que j’avais eu beaucoup de chance», souligne-t-il. Les médecins lui ont expliqué le détail de ce qui lui était arrivé, images en coupe du cerveau à l’appui.

« Je ne suis pas revenu de la mort, mais un tel accident remet beaucoup de choses en question  »

Le samedi à midi, le Franc-montagnard a pu rentrer chez lui. «J’étais vraiment très content de revoir mon chez-moi. Je remercie de tout cœur les médecins et les soignants : grâce à eux, je profite de la vie. Je ne suis pas revenu de la mort, mais un tel accident remet beaucoup de choses en question. Aujourd’hui, je me prends moins la tête pour les choses qui n’en valent pas la peine.»

Suivi de près par son médecin traitant, qu’il n’avait plus vu «depuis un paquet d’années» avant son AVC, Yves Gigon a modifié son hygiène de vie. Fumeur depuis l’âge de 15 ans – «un bon paquet par jour» – il a réduit sa consommation. Mais sans parvenir à arrêter complètement. «Je fume de 3 à 4 cigarettes par jour, pas plus. J’ai l’intention de stopper, mais cela ne s’improvise pas. J’ai besoin du geste. L’objectif est fixé, il ne reste plus qu’à la concrétiser. Ça marchera le jour où je l’aurai décidé.»

Pour éviter une rechute, le salarié de Voegtli SA prend un comprimé d’aspirine tous les matins pour prévenir les thromboses artérielles ainsi que de l’atorvastatine pour faire baisser son taux de choléstérol. Il a aussi entrepris de bouger plus. «Avec mon épouse, on n’a jamais été sportifs. Mais comme les médecins me conseillent d’aller marcher, on s’y est mis, dans les Franches-Montagnes ou au bord du Lac de Neuchâtel.»

Mais le bricolage et le dessin en trois dimensions sur ordinateur restent les grandes passions du Jurassien. Dessinateur en bâtiment de formation, il s’est spécialisé dans le dessin 3D. Passionné par la série télé «La petite maison dans la prairie», il a modélisé les cabanes du village de Walnut Grove. Il a ensuite envoyé les images à Alison Arngrim, qui jouait le rôle de Nellie Oleson dans la série. La comédienne, qui propose depuis 2006 un spectacle humoristique en lien avec la série à travers la France, les a intégrées dans sa scénographie. Yves Gigon n’en est pas peu fier : «Je le dis depuis un moment, mais il faudra que je me décide un jour à aller voir son spectacle.»  

Le bon réflexe : appeler le 144

Yves Gigon

Accident vasculaire cérébral, attaque cérébrale, stroke : autant d’appellations pour exprimer le même phénomène, à savoir des troubles circulatoires affectant des régions cérébrales. Si les cellules nerveuses sont à court d’oxygène et ne sont plus alimentées, elles meurent en très peu de temps. Dans la plupart des cas, c’est un caillot sanguin obstruant un vaisseau cérébral qui est en cause. Plus on agit vite pour dissoudre ou retirer un tel caillot, et plus on aura de chances de sauver du tissu cérébral. Une hospitalisation en urgence dans un établissement spécialisé avec une unité cérébrovasculaire (stroke unit ou stroke center) peut par conséquent sauver des vies et maintenir la qualité de vie. En cas d’AVC, chaque minute compte !

Les symptômes d’un AVC sont nombreux paralysie subite, troubles sensoriels ou faiblesse, la plupart du temps unilatérale (visage, bras ou jambe); cécité subite (souvent un seul œil), diplopie (vision double); troubles de la parole, difficulté à comprendre ce qu’on dit ou des vertiges massifs avec incapacité de marcher. Dans ces cas de figure, n’hésitez pas : appelez le 144 pour une prise en charge la plus rapide possible.