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Consultations ambulatoires sur deux sites, lits hospitaliers, unité cérébrovasculaire: le service de neurologie du Réseau hospitalier neuchâtelois a beaucoup évolué. Depuis mai, un nouveau spécialiste réalise des électroneuromyographies à La Chaux-de-Fonds.

De G.auche à Droite:Dr. Pavel-Dan Nanu – Dr. Philippe Olivier – Dr. Thomas Rossel /Photos © Guillaume Perret / Lundi13

On ignore souvent combien le champ d’action de la neurologie est vaste. Outre les AVC, elle s’occupe des maladies neurodégénératives, céphalées, épilepsie ou sclérose en plaques pour ne citer qu’elles. Pour prendre en charge les affections du système nerveux, le Service de neurologie du Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNE) est doté de deux consultations ambulatoires, à La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel, en complément à une unité cérébrovasculaire. «Longtemps, nos options thérapeutiques étaient limitées. Mais aujourd’hui de nouveaux médicaments sont validés chaque année», rapporte la Dre Susanne Renaud, médecin cheffe de service. «Pour la sclérose en plaques, il y a une quinzaine de traitements sur le marché. Cette évolution concerne aussi d’autres maladies, comme l’épilepsie, Parkinson ou la prise en charge aiguë des AVC.» Sur le site de La Chaux-deFonds, où l’activité ambulatoire de neurologie est la plus importante, une nouvelle prestation d’exploration a été introduite avec l’arrivée du Dr Thomas Rossel. Le spécialiste réalise des électroneuromyographies, examens physiologiques qui analysent le fonctionnement du système nerveux périphérique, des racines nerveuses, des nerfs
et des muscles.

Cinq mille consultations par année
«L’agenda s’est vite rempli, car c’est un examen fréquemment pratiqué», commente le Dr Philippe Olivier, médecin chef au service de neurologie. Désormais, tous les examens d’exploration fonctionnelle sont disponibles sur les deux sites, à savoir l’électroencéphalographie (exploration de l’épilepsie et des encéphalopathies), l’électroneuromyographie (exploration de la fonction des nerfs et des muscles) et la neurosonographie (exploration par ultrasons des artères et de la perfusion du cerveau). Constitué de cinq médecins cadres et d’un médecin hospitalier, le service de neurologie du RHNE délivre jusqu’à 5000 consultations ambulatoires par an. L’équipe est complémentaire, chaque neurologue ayant des compétences spécifiques. Elle assure une garde cantonale 24h/24, week-ends compris, avec l’appui de deux neurologues installés. Outre l’activité clinique, hospitalière et ambulatoire, le service s’implique dans la formation des jeunes médecins et, depuis
2018, il est reconnu pour la formation post-graduée.

550 cas d’AVC en 2019
Quelque 550 patients ont été hospitalisés dans le service l’an dernier pour AVC. Les cas aigus sont pris en charge dans la Stroke unit du RHNE, première unité cérébrovasculaire de Suisse romande à avoir été certifiée (2013). Cette unité officie 24h/24 à l’hôpital Pourtalès, en concertation avec le Stroke center de l’hôpital de l’Ile, à Berne, pour offrir un traitement rapide, coordonné et optimisé. Le nombre de patients accueillis n’a cessé d’augmenter: ils étaient 265 en 2014, 372 l’an dernier. Si l’incidence des attaques cérébrales croît avec l’âge, 15% des victimes ont moins de 65 ans.

Quand l’ambulance amène un patient avec suspicion d’AVC, l’équipe est prête et l’attend à la porte de l’hôpital ” Philippe Olivier médecin chef au service de neurologie

Comme chaque minute compte dans la riposte à un AVC, le service a développé un protocole de prise en charge impliquant tous les intervenants, ambulanciers, SMUR, radiologie ou urgentistes, pour gagner du temps. «Quand l’ambulance amène un patient, l’équipe est prête et l’attend déjà à la porte de l’hôpital», explique le Dr Olivier, en précisant que «pour améliorer notre rapidité, nous organisons chaque mois des simulations avec toutes les équipes.» Dans cette course contre la montre, le service a beaucoup gagné en efficacité: en 2014, le délai entre l’arrivée du patient et l’imagerie médicale était de 27 minutes (valeur médiane), contre 13 minutes en 2020. Ces chiffres, scrutés par l’autorité de certification, montrent aussi que le temps entre prise en charge et début du traitement a été divisé par deux en six ans.

15% des victimes d’AVC ont moins de 65 ans.

En cas de suspicion d’AVC, il n’y a qu’une chose à faire: appeler le 144, sachant que les accidents vasculaires cérébraux tuent une fois sur quatre. Ne pas tenter de gagner l’hôpital par ses propres moyens, car on perd plus de temps, insistent les neurologues. Trop de victimes tardent à réagir, comme cette personne qui a pris le bus pour venir consulter le mois dernier… Plus la prise en charge est rapide, meilleur sera le pronostic.

Handicaps en diminution
Les sites de La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel sont des portes d’entrée pour les traitements de phase aiguë de l’AVC et tous deux pratiquent CT-scan et thrombolyses (injection d’une substance au plus tard quatre heures après l’AVC pour dissoudre le caillot). Dans les cas qui le nécessitent, le traitement sera complété avec un transfert vers le Stroke center de l’hôpital de l’Ile. Après la thérapie aiguë, une équipe pluridisciplinaire intervient pour identifier la cause de l’attaque, prévenir les effets secondaires et démarrer la réadaptation. Elle réunit notamment neurologues, infirmiers, neuropsychologue, physios, ergothérapeute, logopédiste, en concertation avec le médecin traitant. «Toute la prise en charge est devenue plus rapide, avec une rééducation précoce», analyse le Dr Olivier. «En conséquence, les patients sont hospitalisés moins longtemps et les handicaps diminuent.»

Le RHNE et la HE-Arc proposent un CAS en soins aux victimes d’un AVC

Une formation postgrade axée sur la prise en charge des patients atteints d’un AVC, débouchant sur un CAS (Certificate of advanced studies), vient d’être mise sur pied par le RHNE et la HE-Arc santé. Elle s’adresse aux infirmiers et aux pluriprofessionnels de la santé (physio-, ergothérapeutes…) impliqués dans les étapes de l’accompagnement. Ce cursus est unique en Suisse romande. La formation a vu le jour suite à l’impulsion de Frédéric Schild, clinicien en médecine/neurologie au RHNE, qui avait constaté qu’elle n’était plus dispensée à Lausanne ou Genève. «Ce CAS est une évidence, sachant que les critères de certifications pour les Stroke unit et Stroke center (qui impliquent de fréquents audits) ont des exigences élevées en termes de formation continue.» Dispensé sur un an, le cursus comprend 120 heures de cours et de travail personnel. Il rassemble des intervenants de profils variés (neurologue, cardiologue, radiologue, physiothérapeute spécialisé, neuropsychologue, etc.) Les cours abordent toutes les étapes de la prise en charge du patient, qui commence dès l’appel au 144: interventions en phase aiguë, réadaptation précoce mais aussi aspects juridiques, accompagnement des proches, assurances sociales, jusqu’à sa réinsertion socioprofessionnelle. Bref, tout ce qui est impacté dans la vie quotidienne lors d’une attaque cérébrale. «Il est établi que les équipes entraînées à traiter les AVC deviennent plus performantes», fait remarquer le Dr Philippe Olivier, médecin chef du Service de neurologie au RHNE.